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La quête des valets de limier.

Une journée de chasse à courre commence par le travail des valets de limier.

Quête du valet de limier avec son limier

Faire le bois est une des traditions de la vènerie française. Jadis, les valets de limier ne faisaient que leur quête, puis rentraient au chenil. Aujourd'hui, ce sont les piqueurs eux-mêmes, les gardes ou les maitres bénévoles qui font le bois.
Le valet de limier se mettra en route avant l'aube, avec son limier. Celui-ci est un chien de meute vieilli, mais de haut nez, et qu'on a dressé à être secret, c'est-à-dire à ne se récrier en aucun cas, il est harnaché d'une botte, sorte de harnais tenu au bout d'un trait de 3 m. Le valet de limier gagne le canton de sa quête, met son chien devant. Son travail consiste à rembucher les animaux, c'est-à-dire à en avoir une connaissance précise, principalement d'après leur vol-ce-l'est (prononcer vô-se-lè). Il commencera par envelopper son enceinte, en suivant de préférence, au début, la bordure du bois (les cerfs, en principe, vont la nuit au gagnage et reviennent avant le jour à leur remise pour s'y mettre à la reposée). A la croisée d'une voie chaude, le limier portera au vent et se rabattra. Le valet examinera soigneusement le vol-ce-l'est. (Un limier donne indifféremment le droit ou le contre.) Le jugement de l'espèce, du sexe, de l'âge et de la tête d'un animal par son seul pied est un long chapitre de la vènerie. L'essentiel sur ce sujet a été exposé au chapitre consacré au GRAND GIBIER. Nous nous bornerons donc ici à rappeler brièvement ce qui a trait au pied et aux allures du cerf.
Pied. - Le cerf empreint dans le sol ses quatre doigts ongulés. Les deux antérieurs, les plus importants, forment le pied proprement dit, comprenant: à l'arrière, les talons ou éponges, à l'avant, la pince, entre les deux éponges, la fourchette, la portion creuse du pied est la sole, et les bords extérieurs, nets et coupants, dessinent les côtés. Les deux doigts postérieurs, rudimentaires, sont appelés os, ils ne s'impriment qu'en sol gras ou boueux. La biche a le pied long, serré et pointu, les côtés ne sont pas usés, elle est long-jointée, les os sont petits et aigus. Chez le jeune cerf, les pinces sont arrondies, le talon large, chez le dix-cors, ces caractères s'accusent: le pied est rond et large, les pinces et les côtés très usés, les os arrondis, éloignés l'un de l'autre, mais rapprochés du talon, la sole n'a plus de creux.

Quête avec limier

Allures. - Ce terme désigne la manière dont l'animal pose son pied postérieur par rapport à l'antérieur, la distance d'un pas à l'autre, lorsqu'il va d'assurance, c'est-à-dire à l'allure d'un pas libre. Lorsqu'un cerf prend de l'âge, son allure retarde, c'est-à-dire qu'au lieu de poser exactement son postérieur sur l'empreinte de l'antérieur, il le pose jusqu'à 20 cm en arrière, chez un très vieux mâle. En outre, son allure s'élargit, à cause de sa corpulence et du ballant que lui donne l'envergure de ses bois.
Le valet de limier, s'il juge son cerf courable (c'est-à-dire si l'animal est au moins daguet, en vènerie du cerf, on ne court pas les biches), repère la voie rentrante avec des brisées, branches cassées dont la cassure est tournée du côté où va le cerf (deux pour un cerf, une pour une biche). Si, poursuivant sa quête enveloppante, son limier ne lui donne pas la même voie sortante, ce qu'il jugera au vol-ce-l'est, c'est que le cerf est resté dans l'enceinte. Un bon cerf seul dans une enceinte est l'objet d'un beau rapport, mais, le plus souvent, il y aura plusieurs voies, au valet de limier de démêler le nombre d'animaux, cerfs, biches, hères et faons, pour rapporter de façon aussi précise que possible la harde dont il a connaissance.
Lorsqu'il s'agit d'un cerf seul resté dans l'enceinte, si le valet de limier a du temps, il peut alors barrer l'enceinte par un faux-fuyant, pour serrer - on dit aussi « raccourcir » - sa quête, s'il recroise la voie de son animal, il mettra le limier au contre et pourra retrouver sa première brisée, ce qui lui apportera une confirmation, toujours bienvenue.
Le valet de limier peut apercevoir des animaux par corps, généralement debout. Le rapport sera moins sûr, car un cerf sur pied risque de vider l'enceinte avant l'attaque. Il n'est pas interdit de s'aider des renseignements des gardes forestiers, qui connaissent en général les animaux sédentaires ou nomades de leur garderie, l'objet de la quête étant de donner à courre un bon cerf, d'attaque sûre. Cependant, le bois doit être fait en conscience. Cela exige de la part des valets de limier du cœur et de l'endurance, car ils marcheront une douzaine de kilomètres avant la fatigue d'une journée de chasse à cheval.
Un cerf rembuché à l'aube dans une enceinte y restera souvent la matinée durant, à midi, on aura des chances de le trouver à la reposée et de l'attaquer. Mais il n'en est pas toujours ainsi. Il peut avoir été dérangé par des bûcherons ou des chasseurs à tir, au moment du rut, les cerfs sont anxieux, mobiles, voyagent, de vieux cerfs, séjournant d'ordinaire dans les boqueteaux, apparaissent en domaniale, on les appelle des cerfs pèlerins. À d'autres époques, les cerfs recherchent la compagnie et se groupent en hardes nombreuses, certaines enceintes seront désertes, d'autres surpeuplées.
La quête au bois est facilitée par un bon revoir, une bonne voie, de bonnes portées, elle est difficile quand la voie est mauvaise, délavée, ou par temps de gel, quand le revoir est nul.
Le recueil des fumées (excréments) joue un rôle pour parfaire la connaissance du cerf, et les traités anciens décrivent avec complaisance des fumées en troches, en plateaux, en bouzards, en chapelets, ridées, entées, etc. Cet indice est recommandé, mais les valets de limier, d'ordinaire, n'ont pas le temps de prendre un contre prolongé pour rechercher des fumées.
Nous venons de résumer à l'extrême le travail du valet de limier. Cependant, nous ne terminerons pas cette rubrique sans conseiller à tous ceux qui aiment et pratiquent la vènerie d'aller au bois: on ne peut se dire veneur complet sans pouvoir tenir, au moins passablement, l'emploi de valet de limier.
Le même rituel existe pour les vautraits dans la quête des animaux et là aussi le valet de limier devra déterminer le nombre d'animaux, leur sexe et âge d'après l'examen du pied mais aussi des traces de boutis , houzures etc..., le but étant de permettre au maitre d'équipage de choisir une brisée avec un animal courable.