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: Déterrage
La recherche des animaux :
Recherche par les hommes du terrain.
Ce sont bien souvent des gardes-chasses, des administrateurs de sociétés
locales ou bien des chasseurs un peu plus passionnés que d'autres qui se
chargent de détecter la présence d'animaux sur leurs territoires. Si cela peut
paraâtre un peu délicat de décerner les indices signifiant la présence ou le
passage de tel ou tel animal en certain endroit, de la part d'une personne ou
même d'un chasseur pas trop habitué, je pense que la pratique du déterrage est
une des meilleures façons de se familiariser avec la distinction entre les
différentes traces d'animaux car on peut rapidement faire le rapprochement entre
ce que l'on distingue en arrivant sur le lieu de déterrage et les animaux que
l'on trouve à l'intérieur des trous. C'est ainsi il est bon d'inviter ces
personnes susceptibles de signaler la présence d'animaux, à des déterrages pour
affiner leur capacité à la distinction des indices et, pourquoi pas, en faire de
futurs déterreurs.
Recherche par les membres de l'équipage.
On n'est jamais mieux servi que par soi-même ? Tout comme un bon veneur se
doit d'avoir au moins quelques fois fait le bois, un déterreur doit aussi
pouvoir assumer la tâche passionnante mais également parfois ingrate de
recherche d'animaux. Je vous présente ma façon de procéder, car c'est celle qui
me plaît le plus et qui me permet surtout de marier un minimum d'efficacité avec
une disponibilité somme toute limitée.
Ma « quête » se borne essentiellement sur le renard, puisque dans notre
secteur les blaireaux se cantonnent toujours dans les mêmes garennes et
n'exigent donc aucune recherche. C'est d'ailleurs pendant le début de la saison
du renard que l'on peut aisément localiser les présences de blaireaux que l'on
ne pourra chasser qu'à partir de la mi-mai, jusqu'à fin juin. (Dates de
réouverture légales).
Tout d'abord le milieu qui m'entoure est fait de bocage, nettoyé assez
sérieusement il est vrai par le « remembrement » agricole, ce qui fait que les
animaux de chasse sous terre ont pour refuge et surtout lieu de nidification
tout d'abord les « tas de remembrement » (ces tas de souches des arbres arrachés
lors de la suppression des haies si caractéristiques de ce qu'était notre bocage
vendéen), les garennes qui subsistent sur les quelques talus de haies épargnées,
ainsi que les « terres » lapins et autres qui garnissent les côteaux de nos
rivières. Il y a également d'autres endroits plus ou moins insolites mais je
dois quand même citer les tas de paille ou de foin en balles rondes qui semblent
attirer nos renardes par leur sécurité, facilité d'accès et température
ambiante.
Certains basent leurs premières recherches sur les indications qu'ils ont pu
relever ou entendre en fin de chasse (un trou ouvert à tel endroit, un renard
aperçu à tel autre,...). Ne chassant presque plus à tir et n'ayant pas trop de
temps à consacrer à la recherche, je procède plutôt par déduction et par
élimination, ce qui ne veut pas dire que nulle portée de renard ne peut
m'échapper, bien au contraire. J'essaie simplement d'orienter mes sorties dans
les endroits les plus propices. Je tiens compte des lieux où il y a déjà eu des
nichées les années précédentes, je me base sur la quantité d'eau tombée dans le
début de la saison, notamment au moment ou la renarde va chercher à faire « ses
préparations », puis en choisir une pour mettre bas. Enfin, pendant ma quête,
j'essaie d'étudier au mieux les concordances qui peuvent exister entre les
trajets fréquentés par les animaux adultes et les indices de prélèvement (plumes
et poils) de ce qui servira de garde manger pour les petits.
Le plus difficile à détecter me paraît être la présence d'une portée de
renards avant que ceux-ci ne mettent le nez dehors, dans une terre à blaireaux
(nos coteaux en sont assez bien garnis), car il ne faut pas compter sur de la
terre arrachée puisque les trous sont déjà bien assez grands et seuls quelques
poils de la renarde accrochés sur une ronce près de l'entrée indiqueront qu'elle
est passée par là. Si la terre paraît un peu plus battue et les côtés du trou
lissés, c'est encore mieux. Ne pas compter en début de saison sur des restes de
charognes bien à l'évidence, ce seront les renardeaux qui les éparpilleront plus
tard quand ils sortiront.
Il va de soi que pour fouiner de la sorte aux alentours des lieux où l'on
pense rencontrer des renards, la plus grande discrétion est de rigueur. Tout
d'abord les odeurs: l'approche et le contournement ainsi que l'inspection des
lieux sous le vent sont à préférer quand cela est possible. Quand je suis auprès
d'une entrée de garenne, j'évite de toucher à mains nues les branches, herbes,
terre car je pense que la peau de l'homme est également un bon vecteur de son
odeur, donc j'utilise un béton pour écarter les ronces qui empêchent de voir
mieux, je coupe avec mon couteau la même ronce où je crois apercevoir une touffe
de poils pour l'inspecter plus loin, je retiens au mieux ma respiration près de
la gueule du terrier. (Opinion personnelle: je pense qu'il vaut mieux sentir le
parfum qui se rapproche souvent de l'odeur des plantes plutôt que le vieux poilu
qui se néglige.) Autre ennemi du quêteur, le bruit. Le silence, durant
l'approche et l'inspection, ne doit pas laisser place au piétinement trop
énergique autour de la garenne. Je crois que c'est un élément essentiel de la
discrétion et j'essaie au mieux de me déplacer comme sur des oeufs.
Tout pendant que rien n'est détecté ni trop sûr, j'essaie de ne retourner
voir le même endroit qu'au moins 8 ou 15 jours plus tard, ceci afin d'éviter que
la renarde ne déplace sa portée dans une autre de ses préparations. Il vaut
mieux donc, pour un secteur donné que les éventuels quêteurs se répartissent la
tâche pour ne pas repasser l'un derrière l'autre. A part les collègues de chasse
dont on est sûr, pas question d'informer les gens de la possible présence d'une
portée de renards dans tel ou tel endroit avant le jour même de l'intervention,
sinon on risque fort de retrouver les lieux battus par... des rôdeurs.