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: Animaux de vénerie
LE CERF (Cervus elaphus L.)
(Personnellement, je ne chasse pas cet animal mais je pense que la description des modes de chasse qui le concernent est la meilleure approche qui puisse être pour comprendre et expliquer la chasse
à courre.)
Le cerf est le plus grand de nos animaux de chasse vivant à l'état sauvage. La hauteur de son garrot atteint 1,40 m, la longueur de son corps se tient entre 1,50 m et 2,15 m, et son poids, d'une moyenne de 150 kg, peut dépasser exceptionnellement 200 kg, sur de vieux sujets.
Tant de beauté et surtout tant de poids constituent déjà pour le cerf une première source de ses malheurs.
L'amenuisement considérable de ses effectifs pendant l'Occupation et après la Libération a été une conséquence directe de l'attrait qu'il présentait pour une population souvent affamée, que les braconniers ne demandaient qu'à ravitailler.
De combien de coupables industries et de commerces clandestins la viande de cerf a-t-elle été l'objet ! Il fallait manger, et nos grands animaux ont payé un lourd tribut
à apaiser la faim du peuple de France...
Il en fut ainsi durant toutes les guerres, et l'on doit craindre pour lui que l'avenir ne reflète intensément les errements du passé.
MORPHOLOGIE DU CERF.
Son pelage, assez uniformêment roux, avec des taches sur les cuisses pendant l'été, se fonce en hiver par un poil gris, long et serré qui se mêle
à une laine fine et également grise.
Il est remarquablement construit pour la course: un garrot saillant, une encolure longue, large, et surtout des membres postérieurs très fins, mais dont la musculature et la longueur sont comparables, en toute relativité,
à celles des rayons des meilleurs pur-sang de la race chevaline.
La tête est portée fière et haute, avec des oreilles grandes, ovales et très mobiles. Les yeux sont dorés, avec,
à leur angle interne, une fente, le larmier, d'où suinte un liquide onctueux, d'odeur forte, particulièrement abondant au moment du rut.
Le cerf a, dès l'âge de deux ans, trente-quatre dents, dont deux sont des canines atrophiées, sans racine, souvent veinées de brun ou de jaune: ce sont les fleurs de lis, très prisées par les veneurs et qu'ils montent en
épingle de cravate.
La biche est toujours plus petite que le cerf et son poids est environ d'un tiers inférieur
à celui du mâle. Elle a le cou mince et plus long, elle ne porte que des larmiers atrophiés.
Il reste à décrire l'ornement essentiel de ces grands animaux: les bois.
Apanage des mâles, ils sont, du point de vue à la fois histologique et physiologique, un véritable os. C'est un os rond, sans cavité
médullaire, qui se développe en longueur par un bourgeon émané d'une apophyse de l'os frontal, appelée le Pivot, et qui croît en
épaisseur par un périoste auquel les veneurs donnent le nom de velours. Celui-ci renferme un réseau artériel, veineux, lymphatique et nerveux particulièrement riche, nécessaire à la croissance osseuse, et qui s'atrophie lorsque la pousse est complète. L'os, cartilagineux et
élastique au début de la croissance, devient rigide par une itéalisation progressive.
Quel est, avec l'âge du cerf, le développement des bois ?
Il est, à la vérité, en fonction directe de l'habitat et de la nourriture des animaux, les régions
à sol calcaire ou argilo-calcaire, aux gagnages riches, seront plus favorables au développement osseux que les terroirs
à substratum siliceux. Compte tenu de ces variations, la norme de croissance des bois du cerf avec l'âge peut être
à peu près fixée comme suit :
A six mois, quand le faon devient hère, apparaissent deux protubérances osseuses qui s'allongent en deux tiges cylindriques de 6 cm de longueur, elles font partie intégrante
de l'os frontal et constituent les pivots, qui ne s'allongeront plus, mais
grossiront avec l'âge. Le jeune mâle est alors pleinement dans l'âge ingrat: hirsute, maigre et dégingandé, son aspect minable le fait ressembler aux humains en mauvaise condition physique.
D'un à deux ans, les pivots forment deux tiges droites ou dagues, et le jeune
mâle prend le nom de daguet.
Entre deux et trois ans, les dagues tombent et font place à une dague plus forte, qui prend le nom de merrain, celui-ci s'orne lui-même d'une branche accessoire ou andouiller, que l'on nomme andouiller de massacre, le cerf est alors
à sa seconde tête. C'est à ce moment, en même temps que la croissance du merrain, que se formera pour la première fois la meule, sorte de collerette osseuse ornée d'aspérités ou pierrures. Cette meule, qui est en quelque sorte la base du merrain, va aller en s'élargissant et en s'amenuisant en longueur avec l'âge. Le nombre des pierrures ira en s'amplifiant.
De trois à quatre ans, le cerf, entrant dans sa quatrième année, est à sa troisième tête, elle sera ornée, en
général, d'un deuxième andouiller, situé au-dessus du premier: le surandouiller.
De quatre à cinq ans, le cerf prend sa quatrième tête. Les andouillers s'allongent, le pivot se raccourcit, les perlures et les gouttières, qui sont la trace des vaisseaux nourriciers, s'accentuent sur les merrains.
De cinq à six ans, le cerf devient « dix-cors jeunement ». Le merrain porte au moins cinq andouillers, dont trois groupés au sommet constituent l'empaumure. Deux années plus tard, il est devenu
« grand dix-cors », pouvant porter de douze à dix-huit andouillers, et même davantage, vingt-quatre est le maximum qui n'a pas encore été dépassé en France. Le nombre des andouillers, en même temps que la grosseur du merrain, la profondeur des gouttières, l'allongement de la meule, l'aplatissement du pivot peuvent augmenter jusqu'à dix ou douze ans. La décrépitude physiologique apparaissant alors, le système glandulaire devenant déficient, la tête continue
à « se refaire » chaque année, mais sans règle ni mesure. L'empaumure est encore fort belle, mais les andouillers (et toujours en premier le surandouiller) ont disparu, ou bien seul subsiste le merrain avec l'andouiller de massacre. La tête
« ravale », selon l'expression consacrée.
Il nous faut revenir à la période de splendeur des grands cerfs pour parler de leurs têtes, que les veneurs, après Du Fouilloux, classent dans les catégories suivantes :
-
Les têtes couronnées, les plus belles, selon cet auteur, dont les andouillers, ou
épois, sont rangés à l'extrémité du merrain en forme de couronne.
-
Les têtes paumées, dont les épois sont rangés comme la paume de la main humaine, c'est l'empaume classique, qui peut être plus ou moins creuse, peu profonde, en forme de coupe, c'est le chandelier.
-
Les têtes enfourchées, où les épois sont plantés au sommet du merrain, comme les dents d'une fourche (c'est l'enfourchure classique), et qui sont surtout fréquentes chez les cerfs de l'Europe centrale.
-
Les têtes bizardes, qui échappent à toute règle, elles ont les formes les plus imprévues et les plus variées, elles sont le fait d'accidents ou d'insuffisances hormonales.
Le pied et les allures du cerf.
LE PIED DU CERF. - La connaissance du pied est d'une importance capitale en vénerie, elle remonte
à l'Antiquité: Pline reconnaissait déjà l'âge des cerfs à leur pied.
Les doigts du cerf sont, comme ceux des ongulés, enfermés dans une enveloppe cornée ou sabot.
Le surandouiller apparait souvent après l'empaumure, c'est-à-dire seulement lorsque le cerf est dix-cors jeunement.
Un auteur allemand, le Forstmeister Geitel, a pu dénombrer, sur 1 138 cerfs dix-cors tirés dans le Harz, 646 Portant couronne sans surandouiller et 492 avec surandouiller.
Le pied du cerf possède quatre doigts :
Deux doigts postérieurs, rudimentaires, appelés os, situés au-dessus des doigts antérieurs, dont ils sont séparés par la jambe, de longueur variable avec l'âge de l'animal. La face inférieure du pied intéresse le veneur par la trace qu'elle peut laisser sur le sol.
Deux doigts antérieurs, marqués à leurs extrémités par deux pinces cornées, celles-ci, séparées
à leurs pointes, sont réunies à leur partie postérieure par une région renflée appelée talon et par une région creuse appelée sole.
La nature du pied varie de toute évidence avec les terrains: en pays marécageux, le pied est large et creux, en pays rocailleux, le pied est usé, petit, les pinces ont leur corne tailladée par les pierres.
Quels sont l'évolution et le développement du pied du cerf avec l'âge ?
Le daguet (le veneur, à juste titre, ne s'intéresse pas à des animaux plus jeunes) a les pinces peu développées et pointues, les côtés en sont tranchants. Les os sont minces et très rapprochés l'un de l'autre, la jambe est longue, elle se raccourcira avec l'âge.
La deuxième tête a des pinces déjà plus développées et moins pointues, le talon est plein.
. La troisième tête a son pied de derrière qui est déjà plus petit que son pied de devant, cette différenciation ira en s'accentuant avec l'âge. Les côtés commencent
à s'user, le talon s'élargit encore, les os se recourbent, s'éloignent l'un de l'autre, la longueur de la jambe diminue.
La quatrième tête et le dix-cors jeunement présentent, quant à leurs pieds, les mêmes analogies pied rond et large, pinces et côtés très usés, os ronds et crochus, jambes courtes. Seules les allures, dont nous parlerons plus loin, permettront de les différencier.
Le dix-cors et le grand vieux cerf verront ces critéres s'accentuer encore: pied très large, côtés gros et usés, os très gros et jambes très courtes, la sole ne forme plus de dépression et est au niveau du talon, le pied de derrière est beaucoup plus petit que le pied de devant.
Les très vieux cerfs ravalent du pied comme de la tête, si le pied s'allonge, sa largeur diminue et il se creuse, tandis que les pinces s'émoussent, les os, qui portent le plus fréquemment sur le sol en raison du raccourcissement de la jambe, sont usés.
La biche, dont il faut connaître le pied, bien qu'elle ne soit pas un animal courable, n'a guère plus de pied qu'un daguet, son talon est plus mince et plus étroit, ses os sont tranchants et tournés en dehors, son pied de derrière, quel que soit son
âge, a toujours les mêmes dimensions que, celui de devant.
(Tous les dessins de traces reproduits sont de Robert Hainard et extraits des mammifères sauvages d'Europe, Delachaux et Niestlé, Neufchâtel, Paris.)
LES ALLURES DU CERF. - Les allures sont, pour le veneur, la manière dont l'animal pose le pied de derrière par rapport
à celui de devant, la distance d'un pas à l'autre en longueur et en largeur, ainsi que la progression par rapport à la ligne droite. Elles n'ont de valeur que pour un animal marchant d'assurance, c'est-à-dire au pas.
Tous les traités de vénerie, depuis celui que publiait Jacques Du Fouilloux en 156o, ont mis en
évidence la connaissance du cerf par ses allures.
Cette connaissance demeure cependant délicate, car le cerf ne modifie ses allures qu'avec une lenteur certaine, qui rendra toujours difficile la différenciation entre animaux d'âges voisins.
Quoi qu'il en soit, les auteurs comme les chasseurs sont d'accord sur la qualification suivante des allures en raison de l'âge des animaux :
Le daguet « se méjuge » à chaque instant: il « outrepasse » d'une bonne longueur de pied.
La deuxième tête outrepasse encore légèrement.
La troisième tête ne se méjuge plus, le pied de derrière, déjà plus petit, comme nous l'avons
écrit, vient se placer exactement sur l'empreinte du pied de devant.
La quatrième tête, qui voit la longueur relative de ses rayons postérieurs diminuer par rapport
à son corps qui s'amplifie, commence à retarder, les pinces des pieds de derrière se posent sur l'empreinte de la sole des pieds de devant.
Le dix-cors jeunement, qui est un animal presque adulte, retarde encore davantage, atteignant seulement avec son pied de derrière le talon de son pied de devant.
La largeur de l'allure, c'est-à-dire la distance séparant les empreintes laissées par les deux bipèdes latéraux, atteint son amplitude maximum, qui est de 75 cm environ.
Le dix-cors et le grand vieux cerf retardent encore davantage, la distance entre les empreintes des pieds de devant et de derrière pouvant atteindre la longueur d'un sabot.
Le très vieux cerf diminue la longueur de son allure, en même temps qu'il retarde de façon encore plus sensible (souvent d'une largeur de main) et qu'il marche sur les pinces.
La biche se méjuge le plus souvent, mettant son pied de derrière à côté (à droite ou
à gauche) de celui de devant. Elle écarte enfin les pinces aussi bien derrière que devant, ce que ne fait jamais le daguet (avec les allures duquel on pourrait confondre celles de la biche), qui a bien le pied de devant ouvert, mais celui de derrière très fermé.
La demeure habituelle du cerf est la forêt, pourvu qu'elle soit d'importance. Peu lui importe que ce soit une forêt de plaine ou une forêt de montagne. Si l'habitat du cerf en France est réduit, c'est le fait de l'homme qui a détruit ces animaux souvent jusqu'au dernier, tel le cerf de Corse, plus petit que notre cerf de France, qui a complètement disparu de son
aire d'origine.
Quoi qu'il en soit, on peut écrire que, si l'on excepte le sud-est et le midi de la France, il est
à peu près partout plus ou moins sporadiquement réparti. Dans les Landes, même, d'où il avait été
éliminé, sa réinstallation apparait certaine, par l'introduction d'éléments provenant de la réserve de Chambord.
Ses sens sont parfaits, l'ouîe ne le cédant en rien, par sa finesse, à la vue et
à l'odorat.
Très convoité par l'homme, il convenait que ce magnifique animal fût parfaitement doté de moyens naturels de défense, qui en font, pour la plus grande gloire des veneurs, un animal aussi fin que rusé.
Il aime les forêts, qu'elles soient traitées en futaie ou en taillis. C'est là qu'il puise la majeure partie de sa nourriture.
Au printemps, ce sont les graminées de toutes sortes qui ont sa prédilection, en raison de leur tendresse, ainsi que les feuilles de saule, de frène, de hêtre ou de bourdaine.
A l'automne, ce sont les glands, les châtaignes, les faines et aussi les marrons d'Inde, dont il est particulièrement friand.
En hiver, il se contente des feuilles de la ronce ou du framboisier, auxquelles il préfère toutefois celles du lierre. Si l'hiver est rude, si la neige recouvre trop longtemps le sol, il se nourrit d'écorce, il la déchire sur le fût des arbres (résineux de préférence), en longues lanières qu'il saisit avec ses incisives.
Sa dilection - il faut le constater à sa charge - ne s'arrête pas là, l'attirance des céréales est pour lui certaine: il ne les dédaigne pas en vert, mais, dès que les
épis sont formés, sa frénésie alimentaire devient sans bornes. A la manière d'une moissonneuse-batteuse, il
écime les tiges de blé ou d'avoine sur des surfaces que limite seulement sa capacité d'absorption. Passé l'époque des moissons, il quitte plus difficilement la forêt, pourtant, les pommiers l'attirent encore, ainsi que, parfois, certains champs de carottes ou de betteraves.
Le cerf à viande à (se nourrit) la nuit. Il va vers ses gagnages à la nuit tombée, il y va vite, poussé par un appétit qu'il a grand, sans efforts ou fatigues inutiles.
Lorsque le jour est proche, le cerf va faire son rembuchement, il le fait sans hâte, en musardant, croisant et entrecroisant ses voies
à plaisir. Au terme de son cheminement, il cherche de jeunes tailles ou des ronciers bien fournis, il s'y couche bientôt en ployant d'abord les genoux, il a choisi sa reposée pour un jour, qui sera exceptionnellement celle qu'il gardera le lendemain.
Dans le temps ou, plus précisément, dans le cycle de l'année, les habitudes du cerf ont été fort bien décrites par Le Verrier de La Conterie :
' Pendant le mois de novembre, les vieux cerfs, les cerfs dix cors et les cerfs dix cors jeunement s'attroupent et se recèlent dans les grands forts. On trouve pourtant quelquefois de vieux cerfs avec les jeunes, même avec des biches, mais cela est rare: tant que ce mois dure, les cerfs font leur viandis aux bruyères, dont ils mangent la pointe et la fleur, la substance de cette plante est extrêmement chaude, et elle répare en eux les forces qu'ils ont perdues au rut.'
'Au mois de décembre, les cerfs accompagnent les biches et se mettent en harde avec elles, ils se retirent tous ensemble dans les grands forts
à fond de forêt, pour s'échauffer de leur haleine, et pour y être à l'abri du froid, des neiges et des verglas. Ils font leur viandis, pendant ce mois,
à toute espèce de mort bois, comme au genet, au saule, au peuplier, au châtaignier, aux ronces, à la bourdaine, etc. Ils sont entre autres fort friands du lierre de terre, et de celui qui s'attache aux arbres contre lesquels ils s'élèvent pour l'atteindre, ce qui forme encore une petite connaissance de la taille et du corsage d'un cerf.'
'Au mois de janvier, les cerfs abandonnent les biches pour s'accompagner d'autres cerfs. Comme alors le froid est violent, ils préfèrent pour demeure les forts qui sont
à l'abri de quelques grands coteaux. Leur viandis est assez le même du mois de décembre, s'il se trouve quelques seigles ou autres bleds avancés, ils commencent
à y aller.'
'En février et mars, où les grands froids sont pour ainsi dire passés, les cerfs se partagent et prennent les ailes des forêts pour aller aux gagnages dans les bleds verts. C'est le temps où ils commencent
à mettre bas, aussi pensent-ils aussitét à se choisir des buissons qui leur soient commodes, tant pour les gagnages et pour l'eau que pour tranquillement y refaire leur tête.'
'Les cerfs, en avril et mai, sont dans leurs buissons, ils ne les quittent ordinairement qu'à l'entrée du rut,
à moins qu'ils n'y soient inquiétés [...]'
'Aux mois de juin, de juillet et d'août, les cerfs sont dans leur grande venaison, ils viandent dans les tailles et dans les gros et menus bleds. On en prend connaissances aux endroits où il y a de l'eau, parce que la grande chaleur de cette saison, jointe à la soif que leur ont causée les bleds secs, les obligent d'y aller boire, et même s'y vautrer.'
'Aux mois de septembre et d'octobre, les cerfs quittent leurs buissons pour aller au rut: tantôt ils sont dans un endroit, tantôt ils sont dans l'autre, ils n'ont point de demeure fixe, parce qu'ils cherchent et suivent les biches partout, ils viandent alors si peu qu'il serait permis de dire qu'ils vivent d'amour..'
La période de rut commence, à la vérité, par « l'époque de la muse », selon l'expression justement imagée de Marolles, c'est celle où les biches inquiètes se rassemblent et sont suivies d'abord par les vieux cerfs, qui, la lèvre supérieure parfois retroussée, marchent le nez
à terre, pour mieux recueillir les effluves.
A la fin de la muse, vers le 20 ou le 25 septembre, les vieux mâles vont commencer
à bramer, c'est-à-dire à pousser le cri peu harmonieux qui n'est pas sans affinité musicale avec celui de la vache. Ils rejoignent les biches de leur choix
à ce moment, ils ne les quittent plus et agissent avec sévérité, aussi bien contre les incartades de leurs biches, disposées
à répondre à un brame proche ou lointain, que contre la conduite audacieuse d'autres cerfs qui veulent leur disputer des femelles que, dans leur isolement provisoire, ils jugent particulièrement désirables.
Des combats entre mâles sont fréquents, ils s'abordent le massacre en avant, après avoir gratté le sol de leurs sabots. Souvent, les andouillers se brisent, parfois même, c'est la blessure mortelle au flanc qu'a pu réussir l'un des rivaux en attaquant son adversaire par le travers.
Le vainqueur demeure ou devient le à maitre de la place à de rut.
Il en profite alors, avec une ardeur amoureuse qui a toujours forcé l'admiration, cette ardeur ne se ralentit pas de la journée ou même de quelques jours, pour aucune des biches qui l'entourent et dont le nombre atteint parfois la dizaine.
Aussi magnifique que soit cette fougue amoureuse, elle ne dépasse jamais plus de deux semaines.
Le maitre de la place, dont la déficience physiologique devient certaine, doit abandonner les lieux. Il est remplacé par un ou plusieurs cerfs plus jeunes ou moins puissants, auxquels les biches accordent leurs faveurs avec une même facilité, l'éclectisme amoureux de ces dernières est patent.
Dès le 15 octobre, toutefois, le calme est revenu sur les places de rut, qui sont désertées jusqu'à l'année suivante: les cerfs vont, groupés, réparer leurs forces, alors que les biches vont former des hardes que rejoindront les cerfs quelques mois plus tard.
Précisons, pour en terminer sur ce point, que la biche porte trente-deux semaines, qu'elle met bas, entre le 15 mai et le 15 juin, un seul faon.
Les modes de chasse du cerf sont nombreux: on le chasse à courre, en battue,
à l'approche, à l'affût.
On procède aussi parfois à des battues de destruction de biches, lorsque celles-ci sont en surnombre.
(Tiré en partie, des documents de F. Vidron).